Encéphalitozoonose, le cas de Filou

Encéphalitozoonose, le cas de Filou

L’encéphalitozoonose (ou E.cuniculi) est due à un parasite qui s’installe dans le cerveau. Beaucoup de lapins en sont porteur mais la maladie ne se déclenche que lorsque le lapin est faible. Apparaissent alors des troubles cérébraux tels que des pertes d’équilibre, un torticolis (tête penchée), paralysie des membres postérieurs, soif excessive, incontinence, nystagmus (mouvement d’oscillation involontaire et saccadé du globe oculaire), perte d’appétit… Si elle n’est pas traitée à temps, cette maladie peut être mortelle. Un traitement anti-parasitaire au Panacur est long (minimum un mois) mais efficace. Filou a survécu de justesse à cette maladie qui a été diagnostiquée tardivement et qui l’a beaucoup affaibli au point qu’il perde 1/4 de son poids, qu’il cesse de boire et de s’alimenter. Voici le cas de Filou en détail.

Juillet 2013

Tout à commencé en 2013 alors que Filou avait 9 ans. Malgré cet âge avancé rien ne laissait présumer qu’il se faisait vieux avant cet été 2013. Il gambadait, courait, sautait, faisait encore des bêtises autant que lors de sa jeunesse et il nous faisait toujours courir le soir sur la terrasse pour le rentrer à la maison jusqu’à un jour de juillet où il s’est blessé à l’œil. Il s’est fait un mauvais ulcère à la corné et s’en est suivi de nombreuses consultations chez un vétérinaire ophtalmo, une opération et 2 semaines de collerette.

Août 2013

Après un mois, son œil était presque guérit et nous étions soulagés mais il a alors commencé à avoir des symptômes inquiétants. Il était toujours fatigué, avait perdu beaucoup de sa vivacité, il tournait en rond et se cognait dans des obstacles. On pensait alors qu’il avait perdu la vision de son œil et que c’était normal mais ensuite il a commencé à avoir la tête qui penche en avant. Lorsqu’on le portait, sa tête penchait en avant et ça lui déclenchait une sorte de crise où il se mettait en boule comme un hérisson. Il a d’abord fait ça occasionnellement, puis de plus en plus souvent. J’ai d’abord été voir un vétérinaire généraliste le plus proche de chez moi, celui que je vais voir pour les petits bobos. Celui-ci a été très pessimiste en voyant son torticolis et en déduisit une otite, m’a dit qu’il fallait agir vite, lui faire une piqure (je ne me rappelle plus de quoi) mais que celle-ci avait peu de chance de fonctionner et qu’elle pouvait même lui être fatal. Mais de toute façon, me disait-il tendit qu’il préparait le produit, il n’y a rien d’autre à faire. Alors là je me mets à paniquer, je lui dit que je préfère attendre et avoir l’avis d’un vétérinaire spécialisé NAC. Et j’ai bien fait car mon véto NAC a tout de suite écarté l’hypothèse de l’otite et a diagnostiqué un syndrome vestibulaire, il pensait plutôt à un problème cérébral et a mit Filou sous Candilat, un oxygénateur cérébral.

Septembre 2013

Au bout d’une semaine, son état s’est empiré, il avait alors des difficultés à marcher, tombait tout seul et avait perdu du poids. Le véto NAC étant alors en congé, j’ai été obligée de consulter encore un autre vétérinaire (je n’ai plus vraiment confiance dans le 1er), non spécialisé. Il pensait qu’il s’agissait d’un AVC lié à l’anesthésie qu’il a subit pour son opération de l’œil et il lui a prescrit des corticoïdes et des vitamines en plus du Candilat en me disant que si ça ne marche pas, il n’y aura plus grand choses à faire. Je ne croyais pas trop en ce diagnostique, s’il avait fait un AVC j’imagine que les symptômes seraient apparus d’un coup et tout de suite après l’opération, pas progressivement. Il y a bien eu 3 semaines/1 mois entre l’anesthésie et les 1ers symptômes vestibulaires puis à nouveau 3 semaines / 1 mois entre son état actuel. Ayant moi même fait des recherches sur internet, je lui parle de l’encéphalitozoonose car les symptômes me semblaient correspondre. Cet incompétent m’a alors limite rit au nez en me disant que ce n’était pas possible que ce soit ça sans même avoir fait d’analyses. Je ne sais même pas s’il savait ce que c’était. Je me suis donc contentée d’administrer sagement le traitement à Filou pendant une semaine sans conviction.

Mi Septembre, nous étions à la fin du traitement et toujours pas d’amélioration. Malgré ça, Filou continuait à manger et à boire mais je ne savais plus quoi faire. Je suis retournée voir le vétérinaire NAC à son retours de congé. Il a trouvé Filou très déshydraté et lui a fait 4 piqûres pour le réhydrater un peu. Étant donné que le traitement n’avait pas été efficace, il ne croyait plus à la thèse de l’AVC et penchait plutôt, lui aussi, pour une encéphalitozoonose. Il a essayé de lui faire une prise de sang pour faire des analyses mais sans succès, les veines étaient trop petites. Du coup, le diagnostique n’était toujours pas certain mais nous avons tout de même changé de traitement et nous verrions bien si le Panacur serait plus efficace. Il n’y avait, de toutes façons, plus grand chose d’autre à essayer.

La thèse de l’encéphalitozoonose me paraissait plus probable que l’AVC. Beaucoup de lapins sont porteur et la maladie se déclenche lorsque le lapin est vieux ou affaiblie. Et c’était le cas de Filou qui venait de subir une opération et un traitement pour son œil. Peut-être était il porteur depuis longtemps… J’étais plus confiante dans le traitement et ça m’ennuyait même qu’on ne l’ait pas commencé plus tôt car la maladie avait déjà bien avancé et peut être ne s’en remettrait-il pas complètement.

Les premiers jours de traitement au Panacur, l’état de Filou n’a pas beaucoup évolué. Il se mettait toujours en boule, tournait en rond et tombait régulièrement. Il n’avait pas la tête penchée sur le côté, par contre elle penchait en avant. Ce n’était pas en permanence. Par moment, elle se mettait à pencher en avant tellement qu’il avait le haut de la tête à plat contre le sol et il restait comme ça un moment avant de reprendre ses esprits et de se redresser. Mais il avait encore de l’appétit, il mangeait deux bonnes gamelles de verdure par jour et j’avais l’impression qu’il recommençait à manger ses croquettes. Par contre, il ne buvait plus par lui même et nous étions obligés de lui donner à boire à la pipette plusieurs fois par jour. Je rentrais même le midi du travail pour lui donner à boire.

Fin Septembre, l’état de Filou a commencé à s’améliorer doucement. Il se tenait mieux, il tombait moins souvent et était plus stable sur ses pattes. Il tenait la tête bien droite et haute quand il était bien éveillé. Malgré tout, il manquait toujours de vivacité, continuait a se mettre en boule, mangeait de moins en moins et ne buvait toujours pas seul. Il avait encore perdu du poids et était descendu à 565g (son poids normal étant 700g). A ce stade là j’ai vraiment eu peur pour sa vie. Je n’en dormais pas la nuit de peur qu’il ne meure seul dans son enclos et de le retrouver sans vie le lendemain. Je restais tard dans la nuit avec lui dans le salon. Je me suis alors décidée à commencer le gavage pour le forcer à manger. Je lui donnais à la pipette de la poudre diluée dans de l’eau mais il n’était pas très coopératif. Heureusement au bout de quelques jours, l’état de Filou s’est nettement amélioré et il a commencé à remonter la pente. Il ne tombait plus, était plus vif et surtout, il buvait à nouveau seul ! Il avait encore un petit appétit mais le pire était passé. Je retrouvais mon petit lapin et son petit caractère : il m’attaquait à nouveau quand je l’embêtais dans sa maison, c’était bon signe 🙂 Le traitement était efficace, un vrai soulagement !

Octobre 2013

Une semaine avant la fin de son traitement, Filou était redevenu quasi-normal. Il n’avait plus aucun symptôme cérébral, il avait retrouvé sa vivacité et son appétit. Il reprenait du poids petit à petit. Un vrai soulagement car nous avions bien cru à un moment donné que c’était la fin. C’est un battant mon petit lapin!

A la fin du traitement, j’ai amené Filou chez le vétérinaire pour un contrôle, il n’en revenait pas que Filou s’en soit si bien remis ! Par contre il m’a dit de continuer à le surveiller car c’était possible que ça revienne, et, malheureusement, ça n’a pas manqué…

Avril 2014 – La rechute

J’ai emmené Filou chez le vétérinaire pour son vaccin annuel et un contrôle de routine. Le vétérinaire a alors contrôlé ses dents et ses molaires avaient besoin d’un limage sous anesthésie. J’avais très peur de cette anesthésie car la dernière fois c’est ça qui avait déclenché la maladie. Le véto m’a assuré qu’il n’y avait aucun risque car l’anesthésie au gaz serait légère… Malgré tout, comme je le craignais, deux semaines plus tard les symptômes sont revenus petit à petit : manque d’énergie, tête qui penche en avant, perte d’équilibre, perte de poids, soif excessive, s’étouffe en buvant… Les même symptômes que 6 mois plus tôt. L’avantage, c’est que cette fois je connaissais le diagnostique et je savais quoi faire. L’état de la maladie était moins avancé que la dernière fois lorsque j’avais commencé le traitement, j’espérais donc que ça se soignerait plus vite et surtout que ce serait moins grave, qu’il aurait moins de séquelles en commençant le traitement tout de suite. Mais pas de chance, c’est encore tombé quand mon vétérinaire NAC était en congé et j’ai dû prendre la décision de commencer le traitement sans son aval. A son retours, le vétérinaire nous a redonné du Panacur liquide pour 21 jours de traitement mais une semaine plus tard il n’y avait toujours pas d’évolution notable…

Mai 2014

Toujours pas d’amélioration pour Filou alors qu’on arrivait à la fin du traitement, ça empirait même, je commençais à vraiment m’inquiéter.Filou ne buvait plus tout seul, je lui donnais à la pipette avec toujours la peur qu’il se déshydrate. Il mangeait quand même beaucoup de verdure, j’espérais que ça compense un peu. Je ne comprenais pas pourquoi le traitement n’était pas efficace alors que la dernière fois l’amélioration avait été très rapide. J’ai alors remarqué que la dose prescrite n’était pas la même que la dernière fois, elle était plus faible alors qu’il avait repris du poids entre temps. J’ai donc décidé, avec l’accord du vétérinaire, d’augmenter la dose et de prolonger le traitement. Dès lors, il a commencé à aller mieux et au bout de quelques semaines, les symptômes avaient disparus.

Conclusion

Celà se finit bien, pour le moment du moins car Filou n’est pas à l’abri d’une rechute. Le vétérinaire m’a dit que le parasite ne pourra pas être totalement exterminé, qu’il restera comme endormi et que Filou risque de faire des rechutes chaque fois qu’il aura un coup de faiblesse ou une anesthésie. Ce qui risque d’arriver de plus en plus souvent étant donné son âge et son besoin régulier de se faire limer les dents. De plus, il se peut que le parasite soit de plus en plus résistant au traitement à chaque rechute, ce qui expliquerait pourquoi le traitement a été moins efficace la deuxième fois. Désormais, lorsqu’une anesthésie est nécessaire, je lui administre une semaine de traitement post-anesthésie en prévention d’une éventuelle rechute. Filou ne s’en sort malgré tout pas totalement indemne, suite à l’ulcère et à l’encéphalitozoonose, il a très rapidement développé une cataracte le rendant quasiment aveugle. Il ne distingue désormais que les changements de luminosité. Nous devons maintenant nous adapter à son nouvel handicap (voir s’occuper d’un lapin aveugle).

J’espère que ce témoignage aidera d’autres lapins. Malgré tout, je vous conseille de ne pas faire d’auto diagnostique et de toujours consulter un vétérinaire spécialisé avant tout traitement car chaque cas est unique. Les vétérinaires non spécialisés connaissent rarement cette maladie c’est pourquoi je vous conseille de vous tourner principalement vers des vétérinaires NAC pour des cas graves comme celui-ci. Si vous n’avez pas confiance en un vétérinaire ou si vous doutez de son appréciation, n’hésitez pas à en consulter d’autres, il vaut toujours mieux avoir plusieurs avis.

En résumé

Voici les traitements effectués sur Filou qui lui ont permit de venir à bout de cette maladie par deux fois :

  • Un traitement au Panacur pendant minimum 1 mois
  • Une hydratation forcée à la pipette tout au long de la journée
  • Une aide à l’alimentation avec gavage
  • Infusion de racines de pissenlit pour aider les reins
  • Beaucoup de verdure
  • Beaucoup de patiente, de câlins, de mots doux, de présence
  • Ne jamais baisser les bras pour que lui n’abandonne pas

Je crois réellement que ce qui a fait la différence dans le cas de Filou c’est toute l’attention que nous lui portions. Bien sûr, c’est le traitement qui a été efficace mais le bon traitement a été trouvé tardivement alors que Filou était très affaibli. Il commençait à ne plus se battre contre la maladie, il avait arrêté de boire et de manger, il avait perdu un quart de son poids. Si nous n’avions pas été derrière lui tous les jours à lui donner de l’amour en plus du traitement, à l’inciter à boire et à manger, il se serait laissé partir bien avant que le traitement ne fasse effet.

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